7ème question. – Par
quoi l’ouvrier se distingue-t-il de l’esclave ?
Réponse. L’esclave est vendu une fois pour toutes. L’ouvrier doit se
vendre chaque jour et même chaque heure. L’esclave isolé, propriété de son
maître, a déjà, du fait de l’intérêt de son maître, une existence assurée, si
misérable qu’elle puis être. Le prolétaire isolé, propriété, pour ainsi dire,
de toute la classe bourgeoise, à qui on n’achète son travail que quand on en a
besoin, n’a pas d’existence assurée. Cette existence n’est assurée qu’à la
classe ouvrière tout entière, en tant que classe. L’esclave est en dehors de la
concurrence. Le prolétaire est en plein dans la concurrence et en subit toutes
les oscillations. L’esclave est considéré comme une chose, non pas comme un
membre de la société civile. Le prolétaire est reconnu en tant que personne, en
tant que membre de la société civile. L’esclave peut donc avoir une existence
meilleure que le prolétaire, mais ce dernier appartient à une étape supérieure
du développement de la société, et se trouve lui même à un niveau plus élevé
que l’esclave. Ce dernier se libère en supprimant seulement, de tous les
rapports de la propriété privée, le rapport de l’esclavage, et devient ainsi
lui même un prolétaire. Le prolétaire ne peut se libérer qu’en supprimant la
propriété privée elle même. (12)
(12) Dans son ouvrage Le Capital Marx distingue la propriété privée fondée sur le travail
d’autrui, de la propriété personnelle fondée sur le travail personnel. Pour
prendre un exemple concret : l’ensemble des automobiles fabriquées par une
entreprise sont, avant leur vente, la propriété privée des capitalistes
possédant l’entreprise. L’automobile achetée par un travailleur pour son propre
usage est propriété personnelle de ce travailleur.
La suppression de la propriété privée n’entraîne pas celle de la propriété
personnelle.