24ème question. – Comment
les communistes se différencient-ils des socialistes ?
Réponse. Les socialistes
(proprement dits) se divisent en trois catégories.
La première est composée de partisans de la société féodale et patriarcale, qui
a été détruite et est encore détruite tous les jours par la grande industrie,
le commerce mondial et la société bourgeoise créée par l’une et par l’autre.
Cette catégorie de socialistes tirent des maux de la société actuelle cette
conclusion qu’il faut rétablir la société féodale et patriarcale. Toutes leurs
propositions tendent, directement ou indirectement, à ce but. Cette catégorie
de socialistes réactionnaires seront toujours, malgré leur soi-disant sympathie
pour les ouvriers et les larmes qu’ils versent sur la misère du prolétariat,
combattus énergiquement par les communistes, car :
1° ils se proposent un but impossible à réaliser ;
2° ils s’efforcent de rétablir la domination de l’aristocratie, des maîtres de
corporation et des manufacturiers, avec leur suite de rois absolus ou féodaux,
de fonctionnaires, de soldats et de prêtres, une société qui, certes, ne
comporte pas les maux de la société actuelle, mais qui en comporte tout au
moins autant, et présente même pas la perspective de la libération par le
communisme des ouvriers opprimés ;
2° ils montrent leurs véritables buts chaque fois que le prolétariat devient révolutionnaire et
communiste, en s’alliant immédiatement avec la bourgeoisie contre le
prolétariat.
La deuxième catégorie se compose de partisans de la société actuelle, auxquels
les maux nécessairement provoqués par elle inspirent des craintes au sujet de
maintien de cette société. Ils s’efforcent donc de maintenir la société
actuelle, mais en supprimant les maux qui sont liés à elle. Dans ce but, les
uns proposent de simples mesures de charité, les autres de grandioses réformes,
qui, sous prétexte de réorganiser la société, n’ont d’autre but que le maintien
des bases de la société actuelle, et, par conséquent, le maintien de cette
société elle même. Les communistes devront également combattre avec énergie ces
socialistes bourgeois, parce qu’ils travaillent en réalité pour les ennemis des
communistes, et défendent la société que les communistes se proposent
précisément de renverser.
La troisième catégorie, enfin, se compose des socialistes démocrates, qui sont
prêts à soutenir par les mêmes moyens que les communistes une partie des
mesures indiquées plus haut, non pas comme moyen de transition vers le
communisme, mais comme moyen de supprimer la misère et les maux de la société
actuelle. Ces socialistes démocrates, sont, soit des prolétaires qui ne sont
pas suffisamment éclairés sur les conditions de la libération de leur classe,
soit des représentants de la petite bourgeoisie, c’est à dire d’une classe qui,
jusqu’à la conquête de la démocratie et la réalisation des mesures socialistes
qui en résulteront, aura sous beaucoup de rapports, les mêmes intérêts que les
prolétaires. C’est pourquoi les communistes s’entendront avec eux au moment de
l’action et s’efforceront de mener avec eux une politique commune, dans la
mesure toutefois où ces socialistes ne se mettront pas au service de la
bourgeoisie au pouvoir et n’attaqueront pas les communistes. Il est clair que
cette action commune n’exclut pas la discussion des divergences qui nous
séparent d’eux.