13ème question. –Quelles sont les conséquences de ces crises commerciales se reproduisant à intervalles réguliers ?
Réponse. La première, c’est que la grande industrie, quoique elle ait elle même, au cours de sa première période de développement, créé le régime de la libre concurrence, ne s’accorde plus maintenant avec ce régime, que la concurrence, et d’un façon générale, l’exercice de la production industrielle par des personnes isolées sont devenus pour elle un lien qu’elle doit rompre et qu’elle rompra ; que la grande industrie, tant qu’elle sera exercée sur la base actuelle, ne pourra se maintenir qu’au prix d’un trouble général se reproduisant tous les cinq ou sept ans, trouble qui met chaque fois en danger toute la civilisation, et non seulement précipite dans la misère les prolétaires, mais encore ruine une grande quantité de bourgeois ; que, par conséquent, la grande industrie, ou bien se détruira elle même, ce qui est une impossibilité absolue (1), ou aboutira à une organisation complètement nouvelle de la société, dans laquelle la production industrielle ne sera plus dirigée par quelques fabricants se faisant concurrence les uns aux autres, mais par la société toute entière, d’après un plan déterminé, et conformément aux besoins de tous.
Deuxièmement, il en résulte que la grande industrie et l’extension de la production à l’infini, qu’elle rend possible, permettent la création d’un régime social dans lequel on produira une telle quantité de moyens de subsistance que chaque membre de la société aura désormais la possibilité de développer et d’occuper librement ses forces et ses facultés particulières, de telle sorte que cette même propriété de la grande industrie qui, dans la société actuelle, crée la misère et toutes les crises commerciales, supprimera, dans une autre organisation sociale, cette misère et ses crises. Il est donc clairement prouvé :
1° qu’à partir de maintenant, tous ces maux n’ont leur cause que dans l’ordre social actuel, qui ne répond plus aux nécessités ;
3° que les moyens existent dès maintenant de supprimer complètement ces maux par la construction d’un nouvel ordre social
(1) la question se pose, aujourd’hui, non seulement de la survie de la grande industrie, mais de celle de l’humanité toute entière.