5ème question. – Dans quelles conditions se réalise cette vente du travail des prolétaires à la Bourgeoisie ?
Réponse. Le travail (9) est une marchandise comme une autre, et son prix est, par conséquent, fixé exactement d’après les mêmes lois que celui de toute autre marchandise. Le prix d’une marchandise sous la concurrence de la grande industrie, ou de la libre concurrence, -ce qui revient au même, comme nous aurons l’occasion de le voir – est en moyenne toujours égal au coût de production de cette marchandise. Le prix du travail est donc, lui aussi, égal au prix de production du travail (9). Mais le coût de production du travail consiste précisément dans la quantité de moyens de subsistance nécessaires pour mettre l’ouvrier en état de continuer à travailler et ne pas laisser mourir la classe ouvrière. L’ouvrier ne recevra donc, pour son travail, que le minimum nécessaire dans ce but. Le prix du travail, ou le salaire, sera donc le minimum nécessaire à l’entretien de la vie. Mais, comme les affaires sont tantôt bonnes, tantôt mauvaises, il recevra tantôt plus, tantôt moins, tout comme le fabriquant, dans la moyenne des bonnes et des mauvaises affaires, ne reçoit pour ses marchandises ni plus ni moins que leur coût de production, de même l’ouvrier ne recevra, en moyenne, ni plus ni moins que ce minimum. Mais cette loi économique du salaire est appliquée d’autant plus sévèrement que la grande industrie pénètre plus fortement dans toutes les branches de la production. (10)
(9) Notons qu’Engels comme Marx dans l’Idéologie allemande et dans Misère de la philosophie, emploie encore ici l’expression de « travail » au lieu de « force de travail ». ( Note du traducteur )
(10) On retrouve, aujourd’hui, les effets de cette loi dans toutes les branches de l’économie : la production proprement dite, le commerce dominé par les grandes surfaces ou le commerce en ligne, les services, les institutions financières…)